LE LIERRE, CE MAL AIMÉ AU JARDIN

En pointant le bout de ses feuilles, il affole bien des jardiniers !

Rarement une plante n’a rassemblé autant d’avis négatifs la concernant !

Accusé d’étouffer les arbres, à tel point qu’on remarque parfois que ses branches grimpant à l’assaut de ceux-ci en pleine forêt sont sectionnées. On lui reproche de casser les murs, de créer de l’humidité… De prendre ses aises au pied des arbustes…

Il a pourtant tellement d’atouts au jardin ! La liste de ses bienfaits est considérable !

Le Lierre est une plante opportuniste qui cherche à tout prix la lumière pour se développer. En pionnier, il va trouver le bon endroit pour développer sa future ramure. C’est ainsi qu’il explore de façon laborieuse le terrain, de sorte qu’il est un excellent couvre-sol même dans les endroits pauvres, ombragés où rien ne pousse correctement. Préférez-le au gazon dans ces zones difficiles.

Dans un deuxième temps, il cherche à s’élever pour chercher encore plus de lumière, et c’est là qu’il grimpe aux arbustes puis aux arbres. Ce n’est pas pour autant une plante parasite ! Il ne fait aucun mal aux arbres sains, car il a ses propres racines ancrées dans le sol ; les crampons solides qu’il utilise pour se hisser n’abîment pas du tout l’écorce. Sa ramure pousse dans l’ombre de celle de l’arbre sans lui faire concurrence. Ses feuilles en tombant contribuent à nourrir l’arbre.

Il est vrai que, dans le cas où l’arbre est en mauvaise santé, le lierre finit par prendre le dessus et son volume de feuilles devient plus important. Mais il n’est pas à l’origine du déclin de l’hôte.

Bien des années après le début de sa croissance et s’il a trouvé de bonnes conditions de lumière, le lierre fleurit ! Et c’est une aubaine pour les pollinisateurs, car cette floraison se produit en automne, une période ou bien peu de plantes choisissent de fleurir. Les quelque 200 types d’insectes qui le fréquentent vont pouvoir recharger leurs batteries avant l’hiver !

Les fruits qui en découlent arrivent en fin d’hiver et fournissent à leur tour une ultime nourriture aux oiseaux avant le retour des beaux jours et leurs promesses de vers.

Il réserve encore bien plus que la nourriture à la faune du jardin, il lui offre aussi le gîte sous ses feuilles restées persistantes en hiver et la protège du froid. Inutile de préciser que bien des oiseaux décident au printemps d’y construire leurs nids ! Avoir toute cette population au jardin, c’est l’assurance d’éviter l’installation d’une colonie de chenilles ou de pucerons dans les arbres fruitiers !

En ce qui concerne les murs, le lierre les protège des intempéries, de la pollution (il en filtre même les particules pour le bonheur de nos poumons). Il est également prouvé qu’il peut isoler le mur d’une maison de la chaleur, jusqu’à 15 degrés de différence !

En revanche, le lierre doit retenir votre attention lorsqu’il s’ancre dans un vieux mur mal jointé, car il pourrait finir par le fissurer. Évitez également de le laisser courir sur les tuiles au risque de les déchausser.

Accueillez le lierre avec bonheur au jardin, c’est vraiment une plante amie du jardinier !

Si vous voulez en savoir plus, consultez les numéros 106 et 107 du magazine naturaliste La Hulotte, une foule d’observations appuie ces paroles.